thoughts through my soul

Alexandre J.

Je l’ai déjà écrit, le bonheur n’est pas une fatalité, c’est un choix.

C’est aussi un engagement car le bonheur, ça s’apprivoise. On fait connaissance, on apprend à l’apprécier… ou pas. Mais ça dépend de nous.

Notre bonheur, c’est notre responsabilité.

Je vais emprunter maintenant une plume que j’apprécie infiniment : celle d’Alexandre Jollien. La lecture de ce philosophe contemporain me réjouit car il me semble que nous partagions certaines réflexions et questionnements  métaphysiques, mais lui a su mettre les mots qui me semblent justes là où je les cherche encore.

Je vais donc le laisser, à son tour,  nous entretenir de la perfection, de la volonté, du désir, du bonheur….


#« Si la volonté de se perfectionner est féconde, elle s’apparente à une fuite lorsqu’elle n’est qu’un prétexte à refuser le présent. Il convient d’en faire un usage avisé. »


#Il nous plairait que le temps apporte à chaque instant un fruit. Et bien qu’il nous le prodigue, dans notre empressement, nos yeux ne savent le découvrir. Nous n’avons pas la patience d’attendre qu’arrive la récolte tant notre avidité, en réclamant son dû séance tenante, ne souffre aucun délai. De même, je remarque qu’une modalité du vouloir déconsidère systématiquement ce qui se présente et, en dénigrant la réalité, nous entraîne sans relâche vers un ailleurs. »


# «Vous m’ôtez une exigence redoutable et vaine : je n’assouvirai jamais le vouloir absolu qui me tiraille. Mais en abandonnant l’illusion de rassasier définitivement une faim qui brigue l’absolu, la stabilité, bref qui demande tout, j’accueille ce qui vient dans l’imparfait du présent. »


# « Et, souvent, je me comporte bel et bien comme un automate. Dés que se fait sentir un appétit, je m’empresse de le satisfaire. Après coup, je m’aperçois qu’il m’a été dicté par l’extérieur, par le regard de l’autre, la peur, la comparaison… J’agis alors, pour compenser un manque et non pour me réaliser dans une action pleinement choisie.

En examinant l’ardeur de ma volonté, je me suis avisé qu’elle est attisée par l’importance démesurée que je concède à mes envies. Je crois naïvement que, si je les réalise, je me rapprocherai du bonheur. Dés lors, je me jette dans une aventure sans jamais éprouver une véritable satisfaction. Et la réalité me paraît fade en proportion du résultat escompté. Il me plaît pour ne pas en rester aux symptômes de repérer les jugements qui se cachent derrière mes désirs : si je considère qu’un château est indispensable à la félicité, je ne la trouverai pas. Si j’impose au bonheur des conditions qui ne dépendent pas de moi, je me destine à une âcre déconvenue.

Si j’ai à l’excès ligoté mon bonheur aux défis, aux progrès, j’aimerais maintenant établir le centre de gravité en moi et non dans des chimères. Le vouloir plus, la volonté de progresser, je le sens bien, habitent toujours le cœur de ma vie. Mais ces complices risquent de devenir tyranniques s’ils n’occupent pas leur juste place. En multipliant de dérisoires projets, nous étouffons la vie tout en justifiant notre mal-être : « quand je serai comme les autres, je serai heureux. » Mais la disparition des manques, l’absence de souffrance ne tiennent même pas lieu de bonheur puisqu’ils ne sauraient être qu’une pure négation. Où donc trouver le bonheur ? »


(Alexandre Jollien in La construction de soi)



24/03/2012
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